Le fil rouge de PolyFoniK Vibes

PolyFonik Vibes – 8 et 10 décembre 2023
La Badinerie – Laëndi Lipnik – Romain Cinter

Partie 1 : VIVALDI

1. Et in Terra Pax – extrait du Gloria

L’eau est à l’image du temps.
Fuyante et insaisissable, elle crée une réalité instable. Une réalité qui vit de son reflet, de son image vacillante dans un miroir d’eau, Aussi inconsistante qu’un mirage.
Tout ce qu’il y a de plus éphémère ou, à l’inverse, de plus durable semble s’inscrire depuis des siècles sur les pierres de Venise.

Venise et le rêve, Angela Peduto, Ed. Hemann 2015

Aux premières lueurs de l’aube, la grande marée avait envahi la ville. Une Acqua Alta exceptionnelle de près de 2 mètres. Places et ruelles ont été submergées en moins de 2 heures. Or, la ville était en grande effervescence en cette veille du Carnaval de l’an 1734. Une ambassade de dignitaires venus de Vienne séjourne au palais du Doge Carlo RUZZINI.
Ce soir, la foule se presse vers l’Ospedale della Pieta. Vivaldi a composé de nouvelles œuvres pour l’occasion.  Le talent des orphelines de l’Ospedale fait la renommée de la Sérénissime dans toute l’Europe.

Laëndi 2023

2. Vedro con mio diletto – solo

Quel mystère nimberait donc Venise ?
Serait-ce sa nature de phœnix renaissant immanquablement de ses cendres, beauté immortelle qui survit encore et toujours à la destruction, témoignage de la vie qui malgré tout s’impose ?
Ou bien serait-ce la mort, harcelant sans pudeur l’ombre liquide de ses ruelles ? Serait-ce la mort éveillant la mélancolie qui opprime le voyageur disposé à se perdre dans son labyrinthe aquatique… ?

Venise et le rêve, Angela Peduto, Ed. Hemann 2015

Derrière le voile de gaze tendu dans la nef de Santa-Maria pour les séparer du public, les demoiselles de l’Ospédale, tout de blanc vêtues, à l’exception parfois d’une simple fleur dans la chevelure, donnaient en ces occasions le meilleur d’elles-mêmes ; pour le plus grand plaisir des admirateurs, qui, serrés comme harengs en caque dans une église comble, ne voyaient pourtant d’elles que de vagues formes derrière le pudique tissus placé par les religieuses.
Aurora del soprano chantera deux airs que le Prete rosso destine à ses futurs opéras. La fluidité des violons, soutenus par une rythmique énergique aux violoncelles, se fond dans les mélodies lumineuses des flûtes et des hautbois.
Un frisson d’émoi parcourt l’assemblée lorsque la voix s’élance

Laëndi 2023

Je retrouverai avec joie l’âme de mon âme
Le cœur de mon cœur comblé de félicité.
Et si de l’être cher il me faut être éloigné
Je soupirerai, souffrant à chaque instant.

Pietro Pariatti, Librettiste de l’opéra Giustino de Vivaldi

3. l’Hiver des 4 Saisons, transcription de F.Krawczyk II Benedictus

Quelques vers suffisaient parfois à inspirer au prêtre roux un concerto entier…

Dans les neiges argentées, tremblants et gelés
Par le souffle tranchant du vent glacé,
On court et l’on frappe ses pieds contre le sol
En claquant des dents, à cause du gel.
Enfin on s’assoit, paisibles et heureux, devant le feu
Tandis que, dehors, la pluie tombe à verse.

Sonnet d’Antonio Vivaldi

4. Sono disprezzata solo

Voix et instruments se déploient sous les voûtes.
Les jeunes filles sont cloîtrées,  telles des religieuses. Ce sont elles seules qui exécutent la musique, et chaque concert est composé d’une quarantaine de filles. Il n’y a rien de si plaisant que de deviner  une jeune et jolie religieuse, en habit blanc, avec un bouquet de grenades sur l’oreille, conduire l’orchestre et battre la mesure avec grâce. Leurs voix sont adorables pour la tournure et la légèreté.

Charles de Brosses, 1739

Mais leur réalité est loin d’être aussi plaisante que leurs mélodies. Ces filles sans noms, orphelines ou bâtardes, artistes talentueuses, sont vouées soit au mariage négocié par la congrégation soit à vivre enfermées, dévouées à la musique.
Après un concert festif donné au Palais du Doge lors du Nouvel An, Bianca et Adrianna s’étaient enfuies en gondole, dans la nuit, en compagnie de Luigi dal Bene, le fils du consul de Rome à Venise. Retrouvées le lendemain dans une auberge à Portogruaro, sur la terre ferme, elles avaient été ramenées sous la contrainte à l’Ospedale tandis que Luigi dal Bene prenait la fuite.
Adrianna ayant perdu sa virginité dans l’aventure fut expulsée. Bianca, quant à elle, jugée plus jeune et influençable, fit amende honorable et put être réintégrée dans l’institution où elle passa le restant de ses jours.

Laëndi 2023

Épouse, je suis méprisée
Fidèle et insultée.
Mon Dieu, qu’ai-je fait de mal ?

Agostino Piovene, librettiste de l’opéra Bajazet de Vivaldi

5. Kyrie (RV 587) – section III

Cette ville s’abîme dans une décadence perpétuelle, nul ne l’ignore. La décadence porte les traces de la splendeur de tout commencement et annonce une fin plus ou moins prochaine. Une fin qu’évoquent en permanence les palais corrodés par le temps et incrustés de salure, les ponts suspendus entre le néant de l’air et la surface trouble de l’eau, les petits campi repliés sur leur géométrie claustrale. Une fin qui se matérialise dans le fantasme de la ville qui, lentement, sombre dans l’eau d’où elle avait surgi.
Et cependant, partout, à travers chacun de ses trésors éparpillés, on y célèbre le triomphe de la beauté sur le temps et sur la mort.
Quel mystère nimberait donc Venise ?

Venise et le rêve, Angela Peduto, Ed. Hemann 2015

Partie 2 : MOZART

6. Alleluia extr. Exultate, Jubilate solo

Le vrai génie sans cœur est un non-sens. Car ni intelligence élevée, ni imagination, ni tous deux ensembles ne font le génie. Amour ! Amour ! Amour ! Voilà l’âme du génie.

Wolfgang Amadeus Mozart, Lettre 11 avril 1787

Même s’il s’agit d’un long morceau, je l’embrasse tout entier d’un seul coup d’œil dans mon esprit. Pas comme cela vient quand c’est joué, dans l’ordre de la succession. Au contraire ! J’entends pour ainsi dire à égalité tout ensemble en imagination.
En voyage, par exemple, en voiture ; ou après un bon repas, en promenade ; ou la nuit quand je ne puis dormir, c’est alors que les idées me viennent le mieux qu’elles jaillissent en abondance. Celles qui me plaisent, je les garde en tête et sans doute je les fredonne à part moi, à en croire du moins les autres personnes.
Lorsque je les ai toutes bien en tête, le reste vient vite. Une chose après l’autre, je vois où tel fragment pourrait être utilisé pour faire une composition du tout, suivant les règles du contrepoint, les timbres des divers instruments…
Mon âme alors s’échauffe, du moins quand je ne suis pas dérangé ; l’idée grandit, je la développe, tout devient de plus en plus clair, et le morceau est vraiment presque achevé dans ma tête, même s’il est long, de sorte que je puis ensuite, d’un seul regard, le voir en esprit comme un beau tableau ou une jolie personne ; je veux dire qu’en imagination je n’entends nullement les parties les unes après les autres dans l’ordre où elles devront se suivre, je les entends toutes ensemble à la fois. Instants délicieux ! Découverte et mise en œuvre, tout se passe en moi comme dans un beau songe très lucide. Mais le plus beau, c’est d’entendre ainsi tout à la fois.

Mozart, in Le Principe de Raison de Martin Heidegger, 1957

7. Laudate Dominum solo

« Je ne peux écrire poétiquement, je ne suis pas poète. Je ne saurais manier les formules assez artistiquement pour qu’elles fassent jouer les ombres et les lumières, je ne suis pas peintre. Je ne peux non plus exprimer mes sentiments et mes pensées par des gestes et par de la pantomime, je ne suis pas danseur. Mais je le peux grâce aux sons, car je suis Musikus. »
La joie est ma vocation, une joie exilée, faite pour témoigner de génération en génération, devant les hommes éphémères, si follement attachés à ce qui se passe, qu’il existe un “ailleurs” éternel.

Wolfgang Amadeus Mozart, Lettre à son père 1777

8 . Introitus et Lacrimosa extraits du Requiem

Même si j’ai pris l’habitude de toujours m’imaginer le pire — car la mort, à proprement parler, est le vrai but final de notre vie – je me suis, depuis quelques années, à tel point familiarisé avec cette vraie meilleure amie de l’Homme que son image n’a plus rien d’effrayant pour moi, mais plutôt quelque chose de très rassurant et consolateur !
Je ne me mets jamais au lit sans me rappeler, aussi jeune que je sois, que je ne serai peut-être plus là le lendemain — et assurément aucun de ceux qui me connaissent ne pourra dire que je suis maussade ou triste dans mon comportement,..
Et bien pour cette félicité je remercie tous les jours mon créateur et je souhaite la même à tous mes semblables.
Dieu est toujours devant mes yeux. Je réalise sa toute-puissance et je crains sa colère ; mais je reconnais aussi sa compassion et sa tendresse envers ses créatures.

Wolfgang Amadeus Mozart, Lettre à son père, 4 avril 1787

9. Misericordias Domini

Je ne suis ni monarchiste, ni jacobin. Ni républicain, ni démocrate. Ni anarchiste, ni socialiste, ni communiste. ni fasciste, ni nazi. ni raciste, ni antiraciste, ni antimondialiste.
Je ne suis ni classique, ni moderne, ni postmoderne. Ni marxiste, ni freudien, ni surréaliste, ni existentialiste.
A la rigueur, vous pouvez me présenter comme singulier universel, c’est-à-dire catholique dans un sens très particulier ; ou encore comme franc-maçon d’une façon très personnelle, c’est-à-dire universel singulier.
Vous voyez là une contradiction ? Pas moi. En vérité, je suis ce que j’ai été : ma musique. Je serai ce que je serai : ma musique. Je suis uniquement ce que je suis : cette musique.

Philippe Sollers, Mystérieux Mozart, Plon 2001

Partie 3 : Les Contemporains

10. Ferrandez : Magnificat solo soprano piano

Mon Magnificat est une pièce mystique et spirituelle composée d’après la prière de la Vierge Marie qui répond à l’Archange Gabriel quand il lui annonce qu’elle va engendrer le fils de Dieu.
Écrite en latin et composée de six parties, cette pièce pleine de lumière, de mysticisme et de contrastes, a été initialement composée pour la mezzo-soprano espagnole Pilar Márquez à une époque où je faisais beaucoup de concerts avec elle et où je composais beaucoup de mélodies et de pièces dans ce style. Mais finalement, le Magnificat n’a pas été créé.
Quand j’ai rencontré la soprano Rita Matos Alves, j’ai immédiatement voulu qu’elle le chante parce qu’il correspondait parfaitement à son aura et à son style. Je l’ai adapté pour sa voix et je suis très heureux de le présenter ici ce soir à l’occasion du concert du chœur La Badinerie dédié dans son intégralité à la musique religieuse.

Mariano Ferrandez

11. Ticheli : Earth Song

J’ai écrit Earth song, le chant de la terre, à une époque où nous étions, en quelque sorte, coincés’ dans la guerre en Irak. Tout le monde, quel que soit son bord politique, était fatigué de cette guerre. Earth Song a donc été écrit pour être favorable à la paix.
C’était un cri et une prière pour la paix.
Écrire des mots pour une musique est tout à fait unique pour moi. Généralement c’est l’inverse que je fais. Les premières lignes m’ont posé beaucoup de problèmes… je cherchais des pensées complètes.
Lorsque nous sommes confrontés à des problèmes, ils nous obligent à trouver une solution que nous ne pourrions peut-être pas trouver sans cette tension. J’ai dû vivre un moment de crise pour que mon subconscient puisse trouver une solution que mon esprit conscient ne pouvait pas trouver.

C’est ainsi que j’ai imaginé:

Chantez, soyez, vivez, voyez.

C’était La solution.

Un poème ne doit pas nécessairement signifier une chose – il ne doit même pas nécessairement signifier. Un poème est. juste est. Et de la même manière, Le chant de la Terre est. Il signifie donc différentes choses pour différentes personnes.
Pour moi, il est né de cette lassitude intense de la guerre et d’un désir de paix. Et, la seconde moitié des paroles parle de la musique. Elle parle de la musique comme d’une force réconfortante et d’un refuge car cela l’a été pour moi lorsque j’étais victime de harcèlement, enfant. J’ai souvent penser aux harceleurs en relation avec cette œuvre; c’est dans l’intimidation que commence la violence.
Mais la musique est un lieu où les gens peuvent trouver l’acceptation et l’amour – et elle peut souvent être leur grâce salvatrice. Ce n’est pas seulement dans une chorale que les gens peuvent trouver ce réconfort – c’est dans un groupe, dans un orchestre.. des gens qui se réunissent pour faire de la musique.
Si Earth Song est devenu une sorte d’hymne de l’époque, je pense que cela a à voir avec le message simple et sincère que j’essayais d’y exprimer. La vulnérabilité de ce message: je suis humain, je suis cassable, mais je peux toujours trouver un moyen de guérir grâce à la musique.

Lorsque la maladie, la pauvreté et la peur nous menacent de toutes parts, la musique reste un soutien fiable, nous aidant à rester ancrés et en sécurité. Le Chant de la Terre nous le rappelle parfaitement.
Puissions-nous toujours trouver la paix dans la musique, même lorsque la vie nous submerge et nous divise.

Frank Ticheli on Earth Song, Fred Bock publishing group, 2020

 

12. Rheinberger: Abendlied

Ils croyaient avoir tout vu, tout compris, et s’en retournaient tout dépités… La route était lourde et brûlante, harassante et poussiéreuse… et puis il y avait le souvenir pénible des trois jours écoulés qui avaient vu mourir dans l’ignominie leur ami et maître. Mais il fallait bien rentrer chez soi.
Ils ne savaient pas que ce routard, cet inconnu devenu compagnon allait leur révéler une autre route… Ils croyaient s’éloigner après avoir tout perdu…
Mais il se fait tard. Une table. Du pain. Un vif éclat de lumière, pour leur révéler le brasier qui, en eux et en lui, grondait tout le jour. Alors, portés par ce feu, la route de nuit est vite avalée : ils la connaissent désormais !

Frère Marie-Augustin, Méditation, Couvent de Strasbourg

Écoute la route qui t’appelle !
Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse.

Luc Chap.24, Verset 29

13. Mauersberger: Wie liegt die Stadt so wüst

Ce mardi 13 février 1945, les enfants de Dresde fêtaient le Mardi Gras. Le cirque Sarrasani donnait un spectacle de Carnaval.
Vers 22h, un typhon de feu embrase la ville.
800 bombardiers de la Royal Air Force, 4.000 tonnes de bombes répandent une mer de flammes aspirant l’oxygène de l’air, étouffant ceux qui tentaient de fuir.
Le lendemain, 14 février, à 10h le coup de grâce est donné.
37 heures de déluge dévastateur !
Des bombardements sans objectif stratégique. Les victimes se comptent par dizaines de milliers, entre 30 et 40.000 [*] femmes, enfants, personnes âgées.

Laëndi 2023
[* suivant des sources historiques fiables]

Que la ville est déserte, elle qui était pleine de monde !
Toutes ses portes sont abandonnées.
Comme les pierres sont dispersées dans les ruelles !
Il a envoyé un feu d’en-haut jusque dans mes os et l’a laissé régner violemment.
Est-ce là la ville dont on dit qu’elle était la plus belle, celle dont tout le pays se réjouissait ?
Elle n’aurait jamais imaginé qu’elle finirait ainsi, elle est trop atrocement détruite et n’a  personne pour la consoler.
C’est pourquoi notre cœur est attristé et nos yeux se sont assombris.
Pourquoi veux-tu nous oublier et nous abandonner pour toute la vie ?
Ramène-nous, Seigneur, près de toi, que nous revenions à la maison.
Renouvelle nos jours comme au temps jadis.
Seigneur, vois ma détresse,
Ah ! Seigneur, vois ma détresse.

Lamentations de Jérémie

14. Standford: The blue bird

Le lac était bleu au pied de la colline.
Au-dessus, tandis que je regardais, volait
Par-delà les eaux, froides et immobiles,
un oiseau dont les ailes étaient d’un bleu très pâle.

Le ciel au-dessus était enfin bleu,
Le ciel en dessous de moi bleu en bleu.
Un instant, avant que l’oiseau ne soit passé,
il capta son image alors qu’il volait.

Mary Elizabeth Coleridge

15. Whitacre: Sleep

Le soir est suspendu sous la lune
Un fil d’argent sur une sombre dune
Avec les yeux fermés et la tête au repos
Je sais que le sommeil arrive bientôt.

Sur mon oreiller, en sécurité,
Un millier d’images me remplissent la tête
Je ne peux pas dormir, mon esprit divague
Et pourtant, mes membres semblent faits de plomb.

S’il y a du bruit la nuit
Une ombre effrayante, une lumière vacillante
Alors je m’abandonne au sommeil
Où les nuages du rêve offrent une seconde vue.

Quels rêves peuvent venir, à la fois sombres et profonds
D’ailes volantes et de sauts en flèche
Alors que je m’abandonne au sommeil,
Alors que je m’abandonne au sommeil.

Charles Anthony Silvestri

16. Dvořák Largo 6ie Symphonie

La Symphonie du Nouveau Monde d’Antonin Dvořák a été composée à la fin du XIXe siècle, durant le séjour du compositeur aux États-Unis, où il a été, de 1892 à 1895 le directeur du Conservatoire national de New York.

Pour cette symphonie, Dvořák a trouvé son inspiration non seulement dans l’atmosphère tourmentée de l’Amérique en plein développement et dans son mode de vie mouvementé, mais aussi dans les sentiments qu’il ressentait lors de ses réguliers séjours à la campagne américaine, qu’il affectionnait particulièrement.

Le  message le plus fort de la Symphonie Du Nouveau Monde est l’expression d’un désir de liberté universelle et de solidarité humaine.
Comme nombre d’européens, Dvořák était choqué par l’esclavage et le racisme subsistant sur le continent américain.

Un jour, un américain expliqua à Dvořák en quoi les Blancs étaient supérieurs aux autres races. Il lui aurait répondu sans ambages, et en tchèque : « Hovno ! » – « Quelle connerie ! »

Dvořák : Largo, deuxième mouvement de la Symphonie Du Nouveau Monde,
Radio Prague International, 2020

17. Gounod: Sanctus solo soprano Rita

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